Mamu minu-tutamutau / Bien faire ensemble
L'éthique collaborative et la relation de recherche

Article écrit avec la collaboration de Shan dak Puana, paru dans Peuples autochtones et enjeux d’éthique publique, dossier dirigé par Suzy Basile et Karine Gentelet, Éthique Publique, vol.14, n˚1, 2012. Mis en ligne sur le site de la revue le 4 février 2013.

 

Nous sommes très heureuses de vous présenter ce numéro consacré aux enjeux d’éthique publique et aux Peuples autochtones […], un numéro à plusieurs lectures. Chaque lecture est représentative des multiples dimensions et enjeux qui traversent le champ de l’éthique touchant les Peuples autochtones actuellement. Chaque lecture est également représentative des différents acteurs et institutions impliqués dans l’élaboration et la mise en œuvre de cette éthique. Celle-ci est doublement croisée et, conséquemment, doublement plus complexe puisqu’elle met en scène une nouvelle forme de relations institutionnelles et humaines. C’est aussi une éthique sous tension qui appelle un rééquilibrage des dynamiques et des relations de pouvoir entre les producteurs des normes éthiques et les destinataires de ces normes.

Néanmoins, nous sommes convaincues que ce numéro contribue à tracer un portrait fidèle de la situation et des débats actuellement en cours dans le champ de l’éthique impliquant les Peuples autochtones, que l’on soit ici au Québec, au Canada ou partout ailleurs dans le monde où les Peuples Autochtones sont impliqués dans une démarche de réappropriation identitaire et de réaffirmation politique.

La première lecture doit se faire à travers les différents profils de l’éthique impliquant les Peuples autochtones. Le numéro propose des textes qui traitent de l’éthique de l’action publique, mais aussi de l’éthique de la recherche. […] Au cœur des enjeux de l’éthique de l’action publique et de l’éthique de la recherche, il y a la nécessité de contrôler la définition de l’identité, de l’image de soi et, conséquemment, la nécessité de contrôler la structure qui viendra soutenir ou imposer cette image et cette identité.

La deuxième lecture se fera à travers l’appréhension de la conceptualisation de l’éthique par rapport à la pratique de l’éthique, qu’elle soit publique ou destinée à la recherche. […]

Le troisième type de lecture doit porter sur la posture des contributeurs quant à leur réflexion sur ce que doit être l’éthique de l’action publique et de la recherche. […] En effet, dans ce numéro, vous retrouverez les positions de chercheurs qui ont réfléchi à la question de l’éthique, mais qui ont aussi réfléchi autour de la notion d’une relation plus juste et représentative à la fois des relations de pouvoir et des enjeux auxquels font face actuellement les Peuples autochtones à travers le monde. Et en ce sens, ils se positionnent au sein d’une dynamique et d’une démarche qui les engagent vers l’autre.

Ce numéro se veut le témoignage d’un processus en marche, celui de la décolonisation de l’éthique. Un numéro qui appelle au dialogue entre ceux qui font la recherche et ceux qui en sont les destinataires/récipiendaires.

Suzy Basile et Karine Gentelet
Extrait de «Présentation», pour le dossier Peuples autochtones et enjeux d’éthique publique
Sommaire du numéro

Prenant appui sur une récente expérience dans le cadre d’une alliance de recherche universités-communautés (ARUC) impliquant quelques communautés innues du Québec, cet article aborde certains des enjeux propres à une éthique collaborative. La relation de recherche entre autochtones et allochtones demeure profondément marquée par l’histoire et par la tradition scientifique occidentale. Dans un contexte ou plusieurs communautés et organisations autochtones élaborent des protocoles et lignes directrices portant sur l’éthique et les pratiques de recherche, et ou les chercheurs se tournent vers des approches qui se veulent plus inclusives et des méthodologies davantage participatives, cette réflexion vise a mettre en évidence le pouvoir critique de la collaboration, les obstacles et les limites sur lesquels elle se heurte actuellement, et aussi son potentiel de transformation, voire de guérison individuelle et collective.

Louise Lachapelle et Shan Dak Puana
Résumé de «Mamu minu-tutamutau (bien faire ensemble) : l’éthique collaborative et la relation de recherche»
Peuples autochtones et enjeux d’éthique publique

 

Building on a recent experience as part of a Community-University Research Alliance (CURA) involving a few Innu communities in Quebec, this article discusses some of the issues specific to a collaborative ethic. The research relationship between Aboriginals and non-Aboriginals remains deeply marked by history and by the Western scientific tradition. In a context where several Indigenous communities and organizations are developing protocols and guidelines on ethics and research practices, and where researchers are turning to participatory methodologies and to approaches that are intended to be more inclusive, this discussion aims to highlight the critical power of collaboration, the obstacles and limitations it currently faces and its potential for effecting change and even individual and collective healing.

Louise Lachapelle and Shan dak Puana
Abstract of « Mamu minu-tutamutau (bien faire ensemble) : l’éthique collaborative et la relation de recherche »
Peuples autochtones et enjeux d’éthique publique

Mamu minu-tutamutau (bien faire ensemble) : l’éthique collaborative et la relation de recherche sur le site d’Éthique publique

Plateforme Mamu minu-tutamutau / Bien faire ensemble