The gate to lost mourning

Article paru dans Face au monde, figures du poète, dossier dirigé par Paul Bélanger, Liberté, vol. 44, n° 4, (258) 2002.

 

J’ai une question en tête : pourquoi écrire, pourquoi vouloir créer du sens dans ce monde qui en veut si peu, apparemment.

Dans un essai intitulé «Le devoir de la poésie est-il d’améliorer la vie ?» (tiré de Le poète et le monde) qu’il écrivit au détour des années 50, le poète allemand Gottfried Benn se débat avec cette idée qui lui est aussi désastre. Plongeant dans les vagues qui le déroutent, constatant que « celui qui crée en poète prend position contre le monde entier (contre ne veut pas dire en ennemi) », il conclut, serait-ce provisoirement, que, si la poésie n’améliore pas la vie de l’individu, elle l’intensifie. En travaillant dans le clair-obscur, elle accomplit quelque chose de plus décisif encore : elle transforme. Le feu est en tout ce que la poésie touche, par conséquent «l’essence de la poésie est achèvement et fascination».

Dès lors, j’ai eu envie de questionner autour de moi d’autres poètes. Je leur ai écrit : «Quelle parole pour le monde, aujourd’hui ?», intéressé de voir comment ils saisiraient la question. Ils m’ont envoyé des réponses généreuses, soucieuses de faire écho à mon invitation, saisissantes.

Paul Bélanger
Extrait de «Présentation», Face au monde, figures du poète


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